Château de Fontainebleau


Après avoir été fermé au public pendant plus de vingt ans, l'Appartement du Pape est ouvert au public depuis le 4 juillet 2007. C'est grâce au partenariat du Crédit Agricole que cet ensemble a été réhabilité.

C'est l'un des plus beaux appartements du Château de Fontainebleau.

Il se situe au premier étage du Gros Pavillon, l'appartement du Pape doit son nom à la présence du pape Pie VII qui, par deux fois, occupa les lieux sous le Premier Empire.

1804, pour le couronnement de Napoléon 1er
1812-1814, lors de sa captivité

Plan du Château de Fontainebleau
Jours et heures d'ouverture du Château de Fontainebleau
Les amis du Château de Fontainebleau



Château de Fontainebleau (Crédit photo O.T Seine et Marne) (Cliquer sur l'image)


Fontainebleau 1812
Pape Pie VII et le Docteur Claraz


C'est ainsi que Le Saint-Père arriva à Fontainebleau le samedi 20 juin au environ de midi, après quatre jours et quatre nuits sans désemparer.  

Pendant tout ce temps-là les deux portières de sa voiture se trouvaient fermées à clef ; les persiennes du côté du Saint-Père avaient été exactement clouées, et qui plus est, on obligeait souvent d'abaisser les stores. C'est ainsi que l'illustre captif arriva à Fontainebleau, dans un état semblable à celui où il était trouvé sur le Mont-Cenis, de manière à faire de nouveau craindre pour ses jours. Pendant plusieurs semaines après son arrivée, on le vit gisant sur son lit de douleur ; la rapidité de ce voyage, que le duc de Rovigo, dans ses Mémoires, a comparée à celle d'un trait, avait tellement exténué ses forces, qu'on aurait dit que ses geôliers avaient agi de la sorte pour l'exténuer, pour affaiblir son esprit, éteindre son énergie et parvenir à lasser son héroïque patience.

Il reçut la visite de MM. de Champagny et Bigot de Préameneu, ministres de l'empereur, et de quelques cardinaux qui se trouvaient à Paris. Le gouvernement a allégué, pour prétexte de cette translation si rapide du Souverain Pontife, la crainte que les Anglais, qui avaient des émissaires partout et qui croisaient dans la Méditerranée, ne voulussent tenter une descente sur Savone et n'envoyassent soulever, surtout en Savoie, les populations pour s'emparer de sa Sainteté et la rendre à la liberté. Pendant toute sa détention, le Saint-père ne voulut jamais sortir de son appartement ; il s'y promenait pendant sa convalescence, demandant souvent à s'appuyer sur le bras de son médecin, M. le docteur Claraz. Il n'a jamais voulu dire ni entendre la messe dans la chapelle du château ; il constatait par-là, d'une manière manifeste, la captivité dans laquelle il gémissait, surtout après que défense lui avait été faite de communiquer avec les habitants de cette ville, alors peuplée de 9,000 habitants. Un autel avait été dressé dans son appartement particulier, sous un dais de damas vert. C'était là qu'il célébrait les saints mystères ou les faisait célébrer par son aumônier ; il portait au doigt le même anneau qu'avait, au moment de sa mort, à Valence, le pape Pie VI, anneau donné par la reine Clotilde. Il avait demandé à être entouré de quelques cardinaux de son choix ; mais, par exception, on ne lui permit d'en voir que deux ou trois.

Le général comte de Saint-Sulpice était alors gouverneur du château, et le colonel Lagorse exerçait les fonctions de geôlier de Sa Sainteté ; il était natif de Brives, petite ville du Limousin ; religieux doctrinaire, il quitta le froc pendant la révolution pour prendre l'épée ; il était parvenu au grade de colonel de gendarmerie. Pendant son séjour à Fontainebleau, il poursuivait devant les tribunaux un arrêt de divorce pour convoler à un second mariage avec la fille du maire, qu'il épousa en effet plus tard. Ses formes étaient très dures ; il ne pouvait dissimuler ses principes irréligieux et ses antipathies ou plutôt sa rage contre les ecclésiastiques. On a droit, après cela, d'être surpris que M. Alphonse de Beauchamp, auteur de l'Histoire de la Vendée, en ait fait quelque part un homme lige des grands principes de la charité. Les cardinaux auxquels il était permis d'entourer le Saint-père, s'étaient partagé auprès de lui les heures de la journée, pour lui tenir compagnie et le distraire de la profonde mélancolie dans laquelle il était plongé. Il dînait seul, mais assisté de son aumônier et de son médecin. Les cardinaux, quelques évêques, l'aumônier et le médecin étaient ensuite servis. Ils étaient privés du plaisir de pouvoir faire diversion à leurs pénibles préoccupations, car ils étaient entourés des serviteurs du gouvernement ; ils devaient, avant d'ouvrir la bouche, peser chaque parole, avant d'autant plus de soin, qu'ils avaient à leur table l'officier de garde, le colonel Lagorse.

Lorsque le docteur Claraz, prenant congé de Sa Sainteté à Fontainebleau, se jeta à ses pieds pour recevoir sa bénédiction, Pie VII le releva, lui disant qu'il le voulait dans ses bras et sur son cœur. Et lorsqu'il se rendit à Rome en 1817, il y fut de même comblé des témoignages les plus touchants de cette souveraine fraternité. La gratitude du Saint- père eût voulu s'étendre à la famille de son médecin. Celui à qui nous devons ces notes a été décoré lui-même de l'Ordre pontifical de Saint-Sylvestre (biographie). Selon les désirs souvent exprimés par Sa Sainteté, il devait être élevé à Rome dans les écoles Pies, mais la Providence en a décidé autrement.

C'est avec cette même bienveillance paternelle que le Saint-père* a accueilli, en 1875, le 23 avril, l'auteur de ce récit, dans une audience où il se trouvait avec son épouse et quelques personnes de Chambéry, tous de la même famille ; le Saint-père, parlant à chacun d'eux en particulier, s'arrêta plus longuement avec le chevalier Claraz, lequel, prosterné à ses pieds pour en recevoir sa bénédiction, Sa Sainteté lui tendit une de ses mains pour le relever, et pris ensuite connaissance des titres honorifiques que les Souverains Pontifes, ses prédécesseurs, avaient décernés à lui-même et à son illustre père. Quelques jours après cette audience, il reçut, avec quatre compagnons de son voyage, l'insigne et rare faveur d'aller assister à la messe de Sa Sainteté dans sa chapelle particulière, où ils reçurent tous, de sa main pontificale, la sainte communion. Après la messe, ils furent également admis dans ses jardins particuliers, où ils furent rejoints par leurs épouses.

* Pie IX


Extraits des Notes particulières et inédites sur la translation de Pie VII
Chevalier Valentin Claraz 
Imprimerie A. Bottero, place St Léger Chambéry 1878



Itinéraire emprunté par le pape Pie VII et le Docteur Claraz, lors du transfert du pape à Fontainebleau.
Passage du Pape Pie VII dans la Nièvre en 1812
Pie VII : estampes et photo



Partie du Château où a résidé pendant deux mois le docteur Claraz auprès du Saint-Père. Le souverain pontife y resta enfermé pendant les dix-neuf mois que dura sa captivité du 20 juin 1812 au 23 janvier 1814. Le Saint père n'est jamais sorti de son appartement.




Calotte portée par le pape Pie VII lors de son séjour forcé à Fontainebleau 1812-1814. (Descriptif)
Photo Philippe Fuzeau


Fontainebleau 1812 : congé du docteur Claraz.


Dans sa visite de congé à MM. de Rovigo et de Préameneu, ministres de l'Empereur, ces derniers, après l'avoir vivement complimenté sur sa noble conduite et sur son dévouement envers le Saint Pontife, vénéré de tous, lui avaient délicatement fait entrevoir une nomination dans l'ordre impérial de la Légion d'honneur.

Le cardinal Pacca, instruit plus tard de la belle et courageuse conduite du docteur Claraz, en traversant Lanslebourg, le 8 février 1814, s'y arrêta pour lui adresser ses félicitations et ses éloges.

Son Éminence en fait mention dans ses Mémoires, ainsi que des soins empressés qu'elle en reçut elle-même pour sa propre personne, s'étant fracturée un bras par suite d'une chute de sa voiture à la descente du Mont-Cenis.

Cardinal Pacca. Ministre du pape Pie VII.



Lanslebourg 
Photo Félix Benoist 

Parmi les objets précieux que la famille Claraz conserve des bontés de Pie VII, se trouvent les feuilles desséchées d'une rose que, pendant son voyage, le Saint-Pére avait tenue longtemps dans ses mains pour en respirer le parfum.



Enveloppe contenant les pétales de rose, conservée aux archives du Musée national du château de Fontainebleau depuis 2002
Photo Claude Claraz





Archives personnelles

La légende Pontificale et la légende Napoléonienne.

Pie VII et Napoléon 1er
1800 - 1815

Chambéry. Imprimerie Chatelain successeur de F. Puthod.
4, avenue du Champ-de-Mars.
1884